La rentabilité supérieure des cultures OGM, un leurre ?
L'argument principal des semenciers qui proposent des semences génétiquement modifiées est le suivant : achetez nos semences (même si vous devez nous les acheter chaque année), car leur rendement est supérieur à celui des semences traditionnelles :
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soit parce que l'OGM émet un insecticide (Bt), dispensant le fermier d'en mettre (mais il est émis par la plante !) ;
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soit parce que l'OGM a un gène de résistance à un herbicide (du genre du Liberty ou du Roundup que nous noterons RR). Un tel OGM simplifie les pratiques agricoles et permet de n'utiliser qu'un seul herbicide.
Or, ces arguments sont de plus en plus souvent remis en cause dans de nombreux pays où ont été introduites des semences GM. Les exemples sont nombreux, en voici quelques-uns.
Il serait pertinent d'ajouter à la réflexion sur la rentabilité des OGM celle qui concerne les coûts indirects liés à leur utilisation, à savoir ses répercussions sur l'environnement ou la santé, ou l'indépendance des paysans. Enfin, parmi les voix de plus en plus nombreuses qui s'élèvent contre l'idée que les OGM ne détiennent la solution d'une meilleure rentabilité, on en trouve qui proposent d'autres alternatives.
Voici une liste chronologique des dernières nouvelles sur cette question.
- 30 août 2020 : Analyse par deux scientifiques dans The
Conversation (suite à leur article scientifique [Luna])
de ce que le coton OGM utilisé en Afrique et (sur)vendu comme
bénéficiant aux petits fermiers .. leur a nui en fait. Une
présentation historique est donnée avec références. Si la
rentabilité a été, plusieurs fois, bénéfique, la variabilité a
introduit un risque de faillite qui les a convaincu d'arrêter. Il
est expliqué que l'entreprise qui vendait ses semences OGM avait
bien organisé la publicité, et que ses études censées prouver le
gain de rentabilité étaient trafiquées ou non conclusives.
- juillet 2020 : Une étude de la productivité du coton Bt en Inde sur 20 ans (!) montre que, certes, « le coton Bt a continué à lutter contre un important parasite du coton, mais avec la résistance au Bt d'un autre parasite et l'augmentation des populations de parasites non ciblés, les agriculteurs dépensent aujourd'hui plus en pesticides qu'avant l'introduction du Bt. Tout indique que la situation va continuer à se détériorer.» [Kranthi].
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mars 2014 : la FAO (Food and Agricultural Organizaiton issue de l'ONU) a publié un rapport qui montre que « l'intensification des cultures génétiquement modifiées de par le monde a donné lieu à une augmentation d'incidents liés à la présence d'OGM en faible quantité dans les denrées alimentaires et aliments pour animaux faisant l'objet d'échanges internationaux ». La FAO révèle « 198 incidents de faibles quantités d'OGM décelées dans des cultures non OGM entre 2002 et 2012 », avec une accélération au cours des dernières années, car près de 70 % des incidents (soit 138) ont été identifiés entre 2009 et 2012. Cela dit cette enquête peut être mise en avant par les pro-OGM pour dire qu'il vaut mieux tout autoriser pour diminue ces surcoûts (mis à la charge de ceux qui ne cultivent pas d'OGM !).
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Février 2014 : Une étude transversale du ministère de l'agriculture américain de Jorge Fernandez-Cornejo et coauteurs sur la rentabilité à moyen terme des OGM conclut que « Au cours des 15 premières années d'utilisation commerciale, il n'a pas été démontré que les semences génétiquement modifiées augmentent le potentiel de rendement des variétés. En fait, les rendements des semences tolérantes aux herbicides ou résistantes aux insectes peuvent être occasionnellement inférieurs à ceux des variétés conventionnelles [...] si certains OGM ont pu être rentable au début, il n'est pas clair que les graines GM de première génération continue de profiter aux fermiers ». Bien que certains chercheurs aient prouvé que la culture de certaines PGM soit associée à de meilleurs taux de rendement (higher net returns) et revenus globaux (total household incomes), d'autres n'ont trouvé aucune différence significative avec les fermes non GM alors que des soucis ont été mis en évidence à propos de l'apparition de résistance d'insectes ou de plantes résistantes au glyphosate, à la suite de leur usage associé aux PGM.
Alors que l'adoption des cultures Bt montre un accroissement des rendements à court terme en réduisant les pertes dans la gestion des insectes, l'effet des PGM résistantes à des herbicides est très mitigé. En particulier, 14 espèces d'adventices sont devenues résistantes au roundup, ce qui mène à un « plus grand coût de gestion, des rendements et profits réduits, et l'usage accru d'herbcides environnementallement moins bénins ». On appréciera l'euphémisme :) - Février 2014 : L'association étasunienne Food & Water Watch,
en partenariat avec Organic Farmers' Agency for Relationship
Marketing (OFARM), a publié une enquête faite auprès des fermiers
d'agriculture biologique sur les éventuels surcoûts liés à la
présence de PGM. Il apparaît que les semenciers ne font pas
attention à éviter les contaminations et que ce souci ne pèse que
sur ceux qui les refusent. Un comité pro-OGM va jusqu'à proposer aux
fermiers qui refusent les PGM de prendre une assurance pour éviter
d'être pollués. C'est un principe pollué payeur ... Les fermiers
d'agriculture biologique utilisent des zones tampon pour un coût qui
varie entre 0 et 45 000 dollars, avec un prix médian de 2500
dollars. Il est estimé que tous les producteurs certifiés bio
consacrent environ 25 % de leur processus de certification pour
éviter les contaminations.
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Un article paru le 14 juin 2013 établit une comparaison entre l'agriculture nord-américaine et d'autres agricultures durant les 50 dernières années du point de vue de leur durabilité (sustainability). Le principal auteur, le professeur Heinemann, résume les résultats clés auxquels lui et ses collaborateurs sont parvenus :
* les systèmes de cultures transgéniques n'ont pas contribué à des gains de rendement, ne sont pas nécessaires pour augmenter le rendement, et semblent même l'éroder en comparaison d'écosystèmes agricoles tout aussi modernes d'Europe de l'Ouest. Cela pourrait s'expliquer en partie par des choix technologiques indépendants des plantes transgéniques elles-mêmes, car, aux Etats-Unis, même les progrès dans les récoltes de blé non-transgénique sont pauvres, comparés à l'Europe ;
* les pays européens n'ayant pas adopté les cultures transgéniques peuvent procéder à des réductions d'herbicides ; à l'inverse, leur utilisation augmente aux Etats-Unis, les principaux adeptes de cultures génétiquement modifiées. Le recours à des insecticides chimiques décroît dans les deux écosystèmes agricoles, mais il diminue davantage en France (ainsi qu'en Allemagne et en Suisse), qui n'utilise pas de plantes transgéniques, et très peu aux Etats-Unis si l'on inclut dans l'usage global d'insecticides les plantes insecticides.
Le système agricole en Europe de l'Ouest diminue les intrants chimiques, devenant ainsi plus viable pour l'avenir que l'américain, sans réduire la diversité des germoplasmes ni renoncer aux gains de rendement. [Heinemann]. - 2 mai 2013 : une étude du développement du soja OGM en Argentine [Leguizamon] montre que, certes, « En termes de croissance économique, la transisiton argentine vers du soja MG a été un succès » (in terms of economic growth Argentina’s transition to GM soy has been a success). Mais cet article explique aussi « en résumé, les politiques censées protéger la consommation domestique d'aliments ont en réalité produit une insécurité alimentaire. L'Argentine a perdu sa souveraineté alimentaire. Le modèle d'agro-export basé sur le soja, tel que configuré en Argentine est un modèle de développement socialement et écologiquement non soutenable » (The GM soy-based agro-export model as currently configured in Argentina is a socially and ecologically unsustainable model of development).
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Un article paru le 14 juin 2013 établit une comparaison entre l'agriculture nord-américaine et d'autres agricultures durant les 50 dernières années du point de vue de leur durabilité (sustainability). Le principal auteur, le professeur Heinemann, résume les résultats clés auxquels lui et ses collaborateurs sont parvenus :
* les systèmes de cultures transgéniques n'ont pas contribué à des gains de rendement, ne sont pas nécessaires pour augmenter le rendement, et semblent même l'éroder en comparaison d'écosystèmes agricoles tout aussi modernes d'Europe de l'Ouest. Cela pourrait s'expliquer en partie par des choix technologiques indépendants des plantes transgéniques elles-mêmes, car, aux Etats-Unis, même les progrès dans les récoltes de blé non-transgénique sont pauvres, comparés à l'Europe ;
* les pays européens n'ayant pas adopté les cultures transgéniques peuvent procéder à des réductions d'herbicides ; à l'inverse, leur utilisation augmente aux Etats-Unis, les principaux adeptes de cultures génétiquement modifiées. Le recours à des insecticides chimiques décroît dans les deux écosystèmes agricoles, mais il diminue davantage en France (ainsi qu'en Allemagne et en Suisse), qui n'utilise pas de plantes transgéniques, et très peu aux Etats-Unis si l'on inclut dans l'usage global d'insecticides les plantes insecticides.
Le système agricole en Europe de l'Ouest diminue les intrants chimiques, devenant ainsi plus viable pour l'avenir que l'américain, sans réduire la diversité des germoplasmes ni renoncer aux gains de rendement. [Heinemann] -
13 décembre 2012. Une étude montre le lien entre acceptation des OGM (par les États) et perte de diversité de l'offre faite par les semenciers [Hilbeck].
Le plus simple est de traduire les conclusions de l'étude : « Dans les pays européens n'ayant pas adopté les OGM pris en compte par notre étude, les fermiers ont plus de variétés de maïs disponibles aujourd'hui qu'ils n'en avaient dans les années 1990, malgré la restriction des variétés GM. En revanche, en Espagne, le pays d'Europe qui a le plus adopté les maïs GM, l'usage croissant de variétés GM s'est accompagné pour les fermiers d'une restriction de leur choix - exprimé en nombre total de variétés de maïs disponibles sur le marché. » -
26 avril 2012. Un article du Monde intitulé Les promesses non tenues du coton OGM en Inde de Julien Bouissou analyse le rendement des cotons OGM Bt en Inde. Depuis 2006, le rendement moyen stagne alors que les cultures OGM ont plus que quadruplé. La hausse initiale des rendements était-elle due à d'autres facteurs que les semences ? une meilleure irrigation, une météo favorable ?
Si la réponse n'est pas univoque, un certain nombre de problèmes alarmants liés aux cultures transgéniques ont été mis en évidence :
- des cotons transgéniques perdent leur résistance à certains nuisibles ou s'avèrent plus vulnérables que les variétés non transgéniques à des bactéries ou à des parasites ;
- ils demandent davantage d'eau, d'engrais, de nutriments et épuisent les sols ;
- les paysans s'endettent (parfois auprès du semencier) pour acheter en plus des semences engrais et insecticides ; si le cours du coton chute, c'est la catastrophe ; les paysans se suicident par milliers ;
- l'absence de connaissances techniques sur les nombreuses variétés de cotons OGM qu'ils achètent s'accompagne de la disparition des savoir-faire traditionnels ... et des semences locales.
Les semenciers promettent un certain rendement. Si celui-ci n'est pas atteint (les exemples sont fréquents), les paysans ne disposent d'aucun recours juridique contre ces promesses non tenues. En mars 2012, le ministre de l'Agriculture indien a admis qu'il faudrait des lois pour que, en cas de difficultés des paysans, les entreprises soient obligées de leur verser des compensations. Pour la première fois, un tribunal a ainsi demandé à un semencier allemand (Bayer CropScience) de verser des compensations à 1000 paysans pour leur avoir vendu des semences n'ayant pas donné les récoltes promises. Bayer va tenter un recours en justice pour annuler cette décision en mettant en cause une mauvaise gestion des récoltes et une météo défavorable.
- 25 juillet 2011. Un article paru dans une revue indienne [Business
Standard du 25 juillet 2011] tente d'analyser les apports du
coton Bt dans le « succès » que représente la culture du
coton en Inde, 2ème producteur mondial. Aujourd'hui, la
part de coton Bt représente 90 % des surfaces de culture. En 2004,
elle était de 5,6 %. Quel rôle a joué le coton Bt dans cette
évolution ? On sait qu'entre 2007 et 2010, les rendements ont
décru alors que le coton Bt devenait majoritaire. Un tableau très
intéressant des productivités montre leur évolution entre 2002 et
2010. K. Kranthi du CICR constate par ailleurs que
l'utilisation d'insecticides (en plus de ceux produits par le coton
Bt) est revenue au même niveau qu'au début des cultures de PGM du
fait de l'apparition de nouveaux parasites. Alors, les cultivateurs
se méfient : en 2011, la part du coton Bt dans les surfaces
totales de coton a diminué de 5 %...
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Mai 2010. Une étude sur les modalités d'adoption du coton OGM Bt dans la vallée du fleuve Yangtsé [Fok] expose les deux raisons de cette adoption massive : le développement d'entreprises semencières qui trustent l'accès aux semences et une intégration technologique qui encourage les gros fermiers. L'étude montre aussi que le nombre de traitements chimiques et le gain de rentabilité sont quasiment équivalents à ceux du coton non OGM. Les chercheurs ont montré que les insecticides « contenus » dans la plante sont loin de suffire ; ils ont même mis en évidence l'obligation de traiter de nouveaux ravageurs tels que les punaises ou la chenille Spodoptera litura. Par ailleurs, les semences coûtent plus cher à l'achat alors que le coût des traitements ne diminue pas : le gain de rendement n'est donc pas au rendez-vous. L'adoption de coton transgénique paraît aller de pair avec une technique dite « de transplantation », accompagnée de publicités effrénées en faveur de variétés hybrides majoritairement OGM et d'une tendance à faire confiance au chimique.
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Avril 2009. Failure to yield , une étude faite par l'Union of Concerned Scientistsissue du prestigieux MIT (Massachussets Institue of Technology) et analysée aussi en français. Les chercheurs ont analysé et publié les résultats aux Etats-Unis de la vente de soja et de maïs sur vingt ans, y compris les treize où ont été commercialisés les plants transgéniques - sachant qu'aujourd'hui ces derniers représentent là-bas 90 % des surfaces cultivées de soja et 60 % de celles de maïs. Le titre du rapport est clair : « Échec au champ » (Failure to yield). Pour les cas les plus favorables, l'étude montre un gain de production de 7 à 12% dans les cas d'invasions d'insectes, ce qui concernerait environ un tiers des plantations américaines. Sur l'ensemble des cultures de maïs Bt des Etats-Unis, le gain serait compris entre 0,8 et 4%, la valeur de 2,3% semblant pour l'auteur « un intermédiaire raisonnable ». Pour ce qui est des maïs ou sojas résistant à un herbicide, le gain serait marginal. L'amélioration - réelle - des rendements obtenue sur le soja et le maïs durant les quinze dernières années serait essentiellement attribuable à de meilleures pratiques agricoles. Contestant par ailleurs l'idée que le recours à des plantes « génétiquement améliorées » pourrait assurer l'alimentation à l'échelle de la planète, le principal auteur, Doug Gurian Sherman, estime qu'il vaudrait mieux pour cela compter sur les cultures traditionnelles.
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15 décembre 2006. Une étude du CIRAD [Hofs] explique que les agriculteurs cultivant du coton en Afrique n'ont pas intérêt (économiquement et écologiquement) au coton OGM Bt. Comme le dit « pour les paysans à faible rendement, l'utilisation du coton Bt n'a été ni justifiée ni rentable. L'utilisation du cotonnier Bt n'est donc pas pertinente si son espérance de rendement lors du semis n'est pas suffisamment élevée. Par conséquent, à terme, la diffusion des variétés transgéniques dans les exploitations les plus économiquement fragiles risque fortement de précipiter leur disparition. [...] Le deuxième volet de notre étude qui s'intéressait au flux de gènes a montré que le risque d'hybridation existe entre l'espèce cultivée et l'espèce sauvage, même s'il n'a pas encore pu être démontré en milieu naturel, ainsi qu'entre variétés cultivées. [...] Il est fort probable que la topographie des terroirs cotonniers et la structure de la filière en Afrique obligeront les exportateurs de coton à rassembler leurs produits sous le seul label OGM. »
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Août 2005. Une étude scientifique réalisée en 2005 par l'Institut central de recherches sur le coton (CICR) de Nagpur a montré que le coton Bt perd son efficacité contre le ver du coton au bout d'environ deux mois de culture. Les agriculteurs doivent pallier cette inefficacité en rachetant des produits chimiques qui les ruinent, ce qui en pousse certains au suicide. Selon G. V. Ramanjaneyulu, cette étude prouve bien que les fabricants d'OGM « n'ont pas le contrôle de l'expression de la toxine Bt par la plante GM » et que « le fait très précis que les scientifiques n'ont pas le contrôle de l'expression des toxines dans les plantes montre que la technologie transgénique reste imprécise et imprévisible. » Le Centre pour une agriculture durable (CSA) a par ailleurs étudié trois années successives de culture de coton Bt en Inde ; les résultats sont clairs : les cultivateurs ont subi des pertes, « alors que les fermiers cultivant du coton non-GM et utilisant des bio-pesticides ont eu des bénéfices ».
Références :
[Heinemann] Sustainability and innovation in staple crop production in the US Midwest, J. Heinemann et al., International Journal of Agricultural Sustainability,[Hilbeck] Farmer's choice of seeds in four EU countries under different levels of GM crop adoption, Angelika Hilbeck et al., Environmental Sciences Europe, 2012, 25:12,
[Witt] Can the Poor Help GM Crops ? Technology, Representation and Cotton in the Makhathini Flats, South Africa, H. Witt et al., Review of African Political Economy, Vol. 33, n° 109, sept. 2006, pp. 497-513 trouvable ici
[Fok] M. Fok et N. Xu, « L'intégration technologique et le développement du secteur semencier - Deux facteurs de la diffusion du coton Bt dans la vallée du fleuve Yangtsé », Économie rurale, n° 317, mai-juin 2010, http://economierurale.revues.org/2620
[Hofs] Conséquences écologiques et agro-économiques de l'introduction de cotonniers transgéniques, Jean-Luc Hofs, Séminaire de restitution du programme ANR-OGM, 15 décembre 2006, France
[Kranthi] Kranthi, K.R., Stone, G.D. Long-term impacts of Bt cotton in India. Nat. Plants 6, 188–196 (2020). https://doi.org/10.1038/s41477-020-0615-5
[Luna] J.K.Luna et B.Dowd-Uribe Knowledge politics and the Bt cotton success narrative in Burkina Faso, World Development Volume 136, December 2020, 105127 https://doi.org/10.1016/j.worlddev.2020.105127
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