Notice sur le livre Les Poules préfèrent les Cages de Armand Farrachi (Seuil).

L'auteur démonte notamment une étude scientifique très sérieuse qui a prouvé (scientifiquement) que les poules préfèrent les cages. Ca pourra faire rigoler des gens, mais si c'est la Science qui le dit ...

Le chercheur est de l'INRA (Jean Michel Faure). Son protocole est le suivant ; il a pris des poules (on ne sait pas comment elles ont été élevées !) et il a mis deux lots de poules :
1) poules en petites cages
2) poules en cages plus grandes, mais en plus grand nombre. La surface par poule est supérieure aux poules du lot 1. Donc elles devraient être plus heureuses si c'est l'espace qu'elles veulent !

Afin d'avoir un outil de mesure du bien­être animal, il a défini le mal­être animal : Plus il y a d'agressivité ou d'auto­mutilation, plus il y a mal­être. Jusque là on peut penser que c'est bon (pourtant le ver est déjà dans le fruit).

Eh bien les poules du lot 2 se battaient, et étaient même cannibales. Il est vrai que si la "Nature" (en clair l'élevage en batterie, qui n'a rien de naturel) a déjà donné des poules cannibales, pourquoi ne pas leur faire manger aussi des farines animales ? Les poules allaient jusqu'à se manger les ailes (auto­mutilation).

A coté, le lot 1 n'était sujet que (!) à des automutilations. D'ailleurs, la Technique a pu régler ce problème : on leur coupe le bec au fer rougi pour qu'elles ne s'automutilent pas et paf, on accroît le bien­être animal (vu la définition, non parce qu'on fait de la Science et on est pas un rigolo quand on est Directeur de Recheche à l'INRA). Du coup, les poules ne peuvent plus manifester de "désagrément". Si elles n'en manifestent pas, c'est qu'elles n'en ont pas (car on définit le bien­être de la poule par ce par quoi il se manifeste à nous). Elles sont donc plus heureuses que les poules dans des cages plus grande...

De toute faĉon, elles n'ont plus besoin de picorer puisque les farines passent sur un tapis roulant ...

Et la conclusion est bien sûr que les poules préfèrent les cages... Mais cette tête de noeud ne se pose jamais la question de si les poules ne préfèreraient pas être libres ?

Je voudrais insister sur le fait que la démarche scientifique consiste à définir un objet (sous­entendu d'étude). On le définit toujours par ce par quoi il apparait (je vous rappelle que Louis­Maris Houdebine a écrit dans son livre : "Pour un biologiste, la vie apparait comme un ensemble de réactions chimiques extrêmement complexes").

Mais, du coup, on restreint l'objet à son modele. On peut alors en arriver à ce que disent beaucoup de scientifiques que si deux aliments sont les memes (au sens où ils ne sont pas distinguable par une méthode donnée), ils ne voient pas de raison de faire la différence d'un point de vue économique. Et c'est là que le scientifique se mêle de politique et sort de son domaine de spécialité.

Pourtant, il existe une différence entre une chaussure faite par des enfants exploités au Bangaldesh et une faite par des adultes (à part que la première est sûrement moins chère : ca doit satisfaire le consommateur !). La faĉon dont un objet est obtenu peut importer ! Même si l'objet est le "même" et même si l'un est moins cher. Si je suis citoyen, bien sûr. Si je suis consommateur (avec une longue chaine de distribution), seul le prix m'importe et les responsabilités seront noyées, les décisions diluées, ...

Ce sur quoi je veux insister est que ce bug est intrinsèque à la Science. C'est une démarche réductionniste qui peut ramener la vie a "un ensemble de réaction chimiques extrêmement complexes". Ce n'est pas qu'une dérive d'un rigolo de l'INRA qui aurait été payé par le lobby des éleveurs en batterie comme le voudrait une critique marxisante qui n'aurait pas évolué depuis le XIX ème siècle.

Armand Farrachi va plus loin en soulignant que c'était le même argument qu'avancaient les esclavagistes qui disaient que si on n'attachait pas les noirs dans les bateaux, ils se battaient car ils se montraient agressifs en milieu clos.

Et il souligne bien les parallèles entre les pratiques pour les animaux et celles pour les humains ... Si les deux sont évidemment différents, on a toujours fait aux humains ce qu'on avait mis au point avec les animaux.

Farrachi souligne déjà que le comité d'éthique (parce qu'il y a des gens payés a réfléchir a l'éthique pour nous éviter ce travail ...) s'est exprimé favorable au tri génétique des gens pour que les gens ayant une prédisposition génétique de sensibilité à une pollution, soient écartés. C'est pour leur bien diront les progressistes.

En même temps, ca autorise le tri génétique pour supporter les pollutions ... plutôt que de lutter contre. Ca crée une sélection sur les propriétés d'adaptabilité d'humains aux pollutions. De même, l'INRA travaille à faire des pommes de terre génétiquement modifiées pour stocker les métaux lourds. Du coup, on pourra manger ces pommes de terre cultivées sur des terrains contaminés ! Pourquoi éviter de polluer ?

Ici encore, la Science se préoccupe de l'acceptabilité de la technique. Elle se met au service du pouvoir (financier mais aussi politique comme on l'a vu à Longué où les tests génétiques ont failli servir à ficher les gens et à les traquer). Bref, c'est un effet vaseline.

C'est pas drôle, mais le style de l'auteur est drôle. Même si c'est grave :)

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