Article paru sur le site toile de la revue La Recherche.

J'aimerais réagir à l'article de Francine Cassé dans le numéro de janvier de La Recherche.

Mme Cassé y développe la thèse que le gène de résistance aux antibiotiques n'a quasiment pas de risque. Elle en déduit que l'opposition aux OGM se fonde sur " des raisons qui [lui] échappent ". Je suis tout prêt a la croire car son article montre qu'elle ne s'est pas enquise des dites raisons auprès des intéressés sérieux mais n'a retenu que les propos les plus stupides.

Mme Cassé a bien raison de stigmatiser les erreurs de langage. Mais elle ne cite que celles des journalistes ou des hurluberlus. Pourtant, en tant que membre de la Commission du Génie Biomoléculaire (CGB) et scientifique éminente, elle devrait regretter aussi les appellations de " maïs résistant à la pyrale ", et même de " maïs tolérant à la pyrale ", cette dernière ayant été trouvée dans un rapport scientifique de la dite CGB !

On ne peut que s'étonner qu'un gène produisant un insecticide soit considéré comme un système de " tolérance ". Mais on comprend mieux quand on sait qu'aux Etats-Unis d'Amérique, les biotechs ont refusé l'appellation de " plant-pesticide ", et même que le mot de " pesticide " soit dans la désignation de ce maïs car " la confiance du public pourrait être érodée ".

Je regrette que la CGB, qu'encense dans un discours post-positiviste Mme Cassé, ait choisi le camp des biotechs en jouant comme elles sur les mots.

Il est plus grave qu'elle parle des " plantes transgéniques dont la lointaine descendance est maintenant sur le marché (après des années de sélection classique pour introduire le transgène dans les variétés d'élite choisies) ". Cela semble dire que les plantes transgéniques ont été obtenues par sélection classique. Là aussi, c'est le discours d'Aventis, Novartis, mais si une scientifique éminente, respectée et importante reprend leur discours, peut-on encore croire à la Science ... telle qu'elle va ?

De plus, l'argument central de Mme Cassé est de dire qu'on n'a pas encore pu " quantifier le transfert d'ADN d'une plante vers une bactérie de la flore digestive ". Pourtant, une étude (News Scientist 30 janvier 1999, p.4) a pu mesurer la dissémination d'un tel gène à des bactéries digestives sur un modèle de digestion humaine. La probabilité est faible : environ 10-7 . Mais si on la compare au nombre de bactéries dans l'intestin (environ 1012 ), c'est faramineux.

Je suis indigné qu'une des plus importantes sommités internationales pontifie et qu'un modeste opposant aux OGM comme moi puisse lui en apprendre sur son sujet dans le domaine scientifique. Peut-on encore avoir confiance en elle ?

Quand Mme Cassé affirme que les maïs nécessitent moins de traitements de pesticides, elle a peut-être raison ... tant qu'une résistance n'apparaît pas.

De toute façon, elle n'est pas rigoureuse car elle ne parle pas de la quantité de pesticide non aspergée par le paysan, mais émise par la plante. Celle là aussi, pollue et se retrouve dans les aliments (pour bétail notamment).

Je n'embêterai plus le lecteur à porter la contradiction dans un monde qui ne la supporte plus, ou l'organise (c'est plus facile à contrôler), mais je voudrais souligner que la " démonstration " de Mme Cassé est fausse : supposons que le gène de résistance aux antibiotiques ne soit pas un problème (et ce n'est pas loin d'être aussi ma position). Cela prouverait-il que ce maïs n'a pas de risque environnemental, économique, philosophique ou politique ?

A bien y regarder, je ne suis pas sûr que ce soit aux scientifiques qu'il faille s'adresser si l'on veut se faire une opinion sur ces OGM. Pourquoi ne pas reconnaître que notre opposition à ces plantes n'est pas fondée sur des arguments scientifiques, mais des arguments politiques, philosophiques, éthiques, économiques, sociologiques ?

Commission scientifique de l'association OGM dangers

T/F : 01.43.73.49.49

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