Génétique humaine : rêve ou cauchemar?

15 décembre 2001

Anne Liebskind présente brièvement l'association puis passe la parole à Hervé LegMeur (HLM) pour présenter les conférenciers.

HLM rappelle le titre de la conférence débat et reconnaît que, sans déflorer le sujet, nous n'aurons pas la réponse à la fin de la soirée, mais si au moins nous avons des éléments de réflexion, des éléments historiques, nous aurons fait avancer le débat.

Ce débat est particulièrement difficile et il doit éviter deux écueils capitaux. Le premier est la sensiblerie, qui tient lieu de raisonnement, et dont on a pu avoir de nombreux exemples à la télévision le WE dernier (lors du téléthon plus précisément). Le deuxième écueil est l'anathème, c'est à dire la condamnation de l'autre en le traitant de fasciste ou d'autre chose. Par exemple, M. Kourilsky (directeur de l'Institut Pasteur) qui a dit "En recherche, je ne tolère aucune limite et ceux qui prétendent en mettre sont des fascistes". Ce genre d'anathème, de condamnation à être fasciste, est justement une pratique qui pourrait s'apparenter à du fascisme (selon l'étymologie, c'est la volonté de "l'union fait la force" des fascis tels qu'ils étaient vus dans l'empire romain qui ne tolère pas de dissension, de contestation).

HLM passe la parole à M. Grégory Bénichou (GB dans la suite) qui nous parlera du quotient génétique, qui sera amené à parler d'eugénisme et de sa mise en perspective historique. M. Bénichou est enseignant à l'ESSEC en éthique et économie de la santé (et oui, ça coexiste !). M. Bénichou publie un livre Le Chiffre de la vie au Seuil en septembre 2002. Son intervention est un avant-goût de ce livre passionnant !

Intervention de M. Bénichou. Nous avons particulièrement été sensibles à ce que, pour M. Bénichou, la fonction des barrières éthiques n'est pas d'empêcher que les dérives ne surviennent, comme on pourrait le croire, mais seulement de les différer dans le temps pour accoutumer la société à les accepter. Il a aussi expliqué qu'autrefois, prévenir signifiait éviter l'apparition d'une maladie. Aujourd'hui, prévenir signifie éviter l'apparition d'un malade. Bref, la lecture de son intervention mérite le détour :)

HLM: Merci. en complément, je voudrais proposer un exemple qui est l'éditorial du News Scientist (23/10/99), qui titrait "Le denier tabou". Et à la lecture, il apparaît qu'après avoir fait des souris Génétiquement Modifiées, des porcs plus semblables aux humains, ... il restait un dernier tabou qui arrêtait la Science (vision très progresiste !). Ce dernier tabou est ce que l'éditorialiste appelait « l'ingéniérie génétique humaine ». Et il continuait en disant que «vraiment, si l'on propose à des futurs parents de mettre un gène qui donnera un avantage sur le stade ou à l'école à leur enfant et que c'est sans risque, il ne faut pas s'étonner si la résistance est faible » ...

Pour les thérapies géniques, le seul résultat positif, est finalement un faux positif car sur sept enfants, seuls quatre (trois selon certaines sources) ont été soignés (temporairement). En fait, ils n'avaient pas de système immunitaire, donc normalement, le moindre rhume les aurait emporté comme ca arrive tous les jours dans la nature où les embryons non viables ne survivent pas à la règle de la vie. Ce "succès" est donc la suite de l'acharnement thérapeutique depuis leur naissance.

HLM en arrive alors à présenter M. André Pichot, dont la bibliographie est impressionante. Citons L'eugénisme ou les généticiens saisis par la philanthropie, ou Histoire de la notion de gène, ou encore Histoire de la notion de vie, ou son dernier livre La société pure, de Darwin à Hitler. M. Pichot souhaite parler de l'hérédité. Pour préparer cette intervention, HLM a consulté le dictionnaire Robert où le premier sens est « l'ensemble de ce que l'on transmet à sa descendance », c'est à dire la culture, l'éducation, ... Le deuxième sens est « l'ensemble des fonctions biologiques qui sont transmises », ce qui est très différent, beaucoup plus matérialiste. Après seulement était défini la génétique comme la « science de l'hérédité ».

Dans son intervention, AP rappelle une brève histoire de la notion de gène, puis il explique que l'hérédité n'est pas une notion naturelle, mais construite. Le problème est alors qu'on a créé une science (qui n'est donc qu'un modèle et non une science en termes d'histoire des sciences) pour étudier une notion qui n'est pas naturelle, mais construite. La génétique a été construite pour rabibocher une explication historique et une explication physique de l'évolution.

Viennent ensuite plusieurs questions dont on pourra lire un compte-rendu.

Dans un article plus récent [1], André Pichot explique ce qu'on appelle le décryptage des génomes revient à « retrouver Phèdre dans une dactylographie simiesque. L'interprétation des textes est certes sans limites et sans fin (c'est ce qui fait son charme) ; mais il reste à savoir si on peut encore considérer cela comme de la science ».

Fait à Paris le 10 janvier 2002

[1] André Pichot, Sur la notion de programme génétique Philosophia Scientiae 6 (1), 2002, 163-172

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