Gilles-Eric Séralini : « les dysfonctionnements de la Commission du génie biomoléculaire »
Professeur/chercheur dUniversité, président du conseil scientifique de CRIIGEN et membre de la commission du génie bio moléculaire depuis 1998.
Dabord, bonjour mesdames et messieurs.
Je voudrais remercier les organisateurs pour linitiative originale et
réussie de ce colloque, les remercier pour leur invitation.
Jai lhabitude de présenter mes résultats en conférence
scientifique sur ordinateur et je ne le ferai pas ici pour concentrer sur mes
propos lessentiel de votre audition.
Je voudrais parler en plus dun sujet un peu particulier qui correspond
aux dysfonctionnements de la science sachant que la commission du génie
biomoléculaire est l(instance consultative pour le gouvernement
en France qui analyse les expérimentations et les dossiers de commercialisation
des organismes génétiquement modifiés incluant la thérapie
génique et les plantes pour lalimentation et éventuellement
les animaux depuis de longues années et jen fais parti depuis 1998.
En préambule, je voudrais dire que je voudrais que nous raisonnions
simplement par la logique. Si un tout nouveau produit qui est un symbole du
passage possible à travers la barrière des especes et qui est
présenté comme lune des derniére construction de
la science.Si un tout nouveau produit arrrive, sils ont pu etre mis sur
le marché ces produits, sans étiquette ces produits (aux Etats
Unis) , ils sont produit sur le continent américain (amérique
du nord du sud et du centre) à 95 % ebncore aujourdhui.
Sils ont pu être mis sans étiquette sur le marché,
il y a maintenant un peu plus de 5 ans, et sils ont été
mélangés à toute lalimentation, et cultivés
sur des dizaines de millions dhectares, on peut se dire raisonnablement
si on a pu les donner indistinctement aux bébés, aux enfants,
aux malades aux personnes agées, aux adultes, cest quon doit
être extrémement sur de leur innocuité. Puisquils
sont présentés comme de tous nouveaux produits et brevetés
comme tels sur ce continent.
Donc comment est ce que lon sassure habituellement de linocuité
dun nouvel additif chimique ou dun nouveau médicament
ou dun nouveau ^pesticide avant de le commercialiser ?
En le testant au moins trois mois sur des rats et en observant le fonctionnement
de tous leurs organes ce que lon appelle dans le jargon des tests de toxicologie
subchronique. Les tests chroniques sont plus longs.
Donc, on a quune question à se poser dans un premier temps.
Le dossier est beaucoup plus simple quil ny paraît :
il ne sagit pas dêtre pro ou anti OGM. Au fond, on a quune
question à demander à ceux qui vendent nimporte quel OGM
alimentaire. Montrez moi les tests de trois mois sur des rats qui ont été
réalisés avec cet OGM. Personne nest capable de les montrer.
Et personne ne la fait sérieusement avec les OGM dans lenvironnement
et dans lalimentation.
Vérifiez ce point. Je nai eu cesse de le faire depuis 6 ans que
je suis dans les instances dévaluation des OGM nationales et internationales,
den discuter avec les industriels, avec les autorité.
Vérifiez ce point et amenez moi quelque chose qui me dise que jai
tort si vous pouvez le faire.
La deuxième question simple que lon peut se demander est :
à quoi servent les OGM dans lenvironnement et dans lalimentation ?
Vérifiez les chjffres à lappui avec les données internationales
des compagnies pro OGM.
Cest linstitut ISAA qui les donne : environ ¾ des OGM
sont faits pour pouvoir absorber un desherbant sans mourir. Cest à
dire quils expriment une enzyme mutée qui vient dune bactérie
qui sappelle EPSPS pour la majorité dentre eux qui permet
linsensibilité à un desherbant que lon appele le Round-up.
Et environ ¼ produisent un insecticide dans leur cellule ou font les
deux à la fois cest à dire tolérer le desherbant
et produire un insecticide et rien dautre, pour les OGM commercialisés
pour diffuser dans lenvironnement et lalimentation.
Donc premièrement tous les OGM dans lenvironnement et lalimentation
sont des plantes à pesticides ou quasiment contiennent des desherbants
ou des insecticides. Et on peut se demander clairement si la logique scientifique
et de démarche de faire des plantes qui absorbe des desherbant sans mourir
et qui produisent des insecticides est une logique qui permettra de se débarasser
des pesticides ou den éliminer. La réponse est clairement
non.
Ensuite, il régne dans ces dossiers une foule incroyable de publicité
mensongére sur les OGM. Et je suis sidéré par la presse
quelque fois par les publicité des compagnies des laboratoires sur des
caractéres en projet qui naboutissent pas depuis 55à 10
ans. Car la plupart des exemples quon va citer des promesses des OGM nont
pas abouti depuis 5à 10 ans. Et donc on parle de choses qui nexistent
pas ou qui sont simplement des projets scientifiques. Cest unique dans
lhistoire des sciences. Car dhabitude on parle de ce qui est réalisé.
Et linertie pour sortir ces nouveaux projets est très grande. Donc,
si jai dit ces deux points test de 90 jours sur la santé des rats
et le fait que les OGM soit des plantes à pesticides, la question nest
plus de savoir si on est pro OGM ou anti OGM ce qui est dailleurs à
mon avis une caricature ecculée sans pertinence.
La question est de savoir pourquoi les OGM semblent se dresser à la fois
contre la science, la medecine et lhonnéteté par ces deux
points là. Et donc il est nécessaire davoir une éthique
scientifique lorsquon se positionne sur ces questions et léthique
scientifique cest dabord, je vais faire ces remarques pourquoi mexprimer
en public parce que je pense que léthique scientifique de nois
jours est importante et quelle a deux pilliers : dabord la
liberté dexpression scientifique et lindépendance
dopinion qui vont ensemble et qui sont des caractéristiques de
la science normalement indispensable. ET le deuxiéme c est
que toute mission de scientifiques devraient être de faire évoluer
les contrôles les tests réglementaires surtour pour la toxicité
lorsquil sagit de mesurer la toxicité des produit ou linocuité
avec lavancée des connaissances scientifiques. Or aujourdhui
le fossé saggrandit entre les connaissances scientifiques qui avancent
au rythme de la science et les rêglements toxicologiques, la façon
dont on évalue les produit qui augmentent au rythme des combats politiques
et les critére dacceptabilité des produits sont soutenus,
construits par des lobbies industriels souvent.
Et donc, les deux paramêtres connaissance scientifique et évaluation
réglementaire névolue pas au même rythme. Un fossé
se creuse dans la science entre ces deux choses.
Donc nous sommes préoccupé au CRIIGen (Comité de Recherche
et dInformation Indépendante sur le Génie génétique)
par l évolution des contrôles scientifiques et sur la
santé et sur lenvironnement. Alors, je voudrais souligner quatre
grandes lacunes de la commission du génie biomoléculaire qui sont
typiques des instances internationales et des instances gouvernementales qui
évaluent les OGM aujourdhui.
Dabord les lacunes de lindépendance et de la transparence,
ensuiite les lacunes sur les études environnementales et les études
sanitaires et ensuite les lacunes économiques.
Les lacunes de lindépendance : mon analyse approfondie surce
sujet et résumée cest quil ny a pas de compromission
des membres qui si elles existent sont méconnues par moi meme, sont rares
et subtiles. Ce nest pas un systéme général de gens
compromis. Cest simplement un systéme qui favorise la non indépendance
des membres. Souvent la commission au niveau réglementaire na quun
mois pour se prononcer sur un dossier commercial à cause des échéances
du règlement européen qui a été construit ou défendu
par les firmes et par certains politiques et qui est fait en faveur des entreprises
souvent et soutenu par elles.
Donc on a deux mois réglementairement et le temps que la commission soit
saisie, la commission se réunit et elle à ce moment elle reçoit
les dossier un mois avant le moment ou elle doit statuer dans le meilleur des
cas et souvent quelque jours avant. Les faits cest que les dossiers sont
reçus par les experts de la commission peu de temps avant le moment où
ils doivent se prononcer ce qui fait quils nont pas le temps de
vérifier les sources bibliographiques du travail. Meme en y travaillant
à plein temps.
Les experts pour la majorité travaillent directement ou indirectement
sur la mise au point des OGM, sur la génétique ou la biologie
moléculaire et ce quon remarque cest une lacune terrible
de multidisciplinarité dans ces commissions qui est quelque part un grave
défaut du système.
Ensuite les votes en tout cas pour la CGB, à une dizaine de membres et
alors quelle est formée de 18 membres et le corum a été
baissé récemment, donc deux réunions sans corum valent
une réunion avec corum puisque lorsque le corum nest pas atteint,
on peut reconvoquer une réunion dans les 15 jours qui suivent sans corum
aussi et donc deux réunions sans corum, à moins de dix membres,
valent une réunion avec corum.
Il ny a pas eu de discussion compléte du règlement intérieur
sur lindépendance et les déclaration dintérêt
de ses membres. Dailleurs les déclarations dintérêt
de l AFSSA (Association Francçaise pour la Sécurité
Sanitaire sur les Aliments) pour les experts sont beaucoup plus compléte
que celle de la CGB.
Autre point, il y a un expert extérieurqui est nommé par dossier
donc par plante GM qui va être expérimentée ou commercialisée.
Cet expert est le seul rémunéré pour son travail et choisi
au final par lindustriel ou par le pétitionnaire, cest à
dire la personne qui présente le dossier à la commisssion.
Parmi les trois proposé par le secrétariat ou le président
sur une longue liste et ce sont souvent les mêmes qui reviennent. Ce qui
fait quun exopert extérieur est revenu 14 fois en un an (une réunion
par mois). Donc vous imaginez que ca fait beaucoup. Et cétait un
membre de lancienne commission du génie biomoléculaire qui
faisait ainsi perdurer les critéres de lancienne CGB qui avait
accepté et permis la commercialisation des plantes avec génes
de résistance aux antibiotiques et du mais sans test sur animaux ou avec
seulement 4 vaches sur 14 dont une mourrait. Aucune compensation de service
nest accordé aux autres experts intérieur de la CGB. Cest
à dire quon ne leur donne aucune compensation en horaire, on ne
les decharge pas en enseignement on ne les décharge pas de tâche
administratives dans leur université, on ne leur donne pas de compensation
financiére et on ne paye personne dautres à leur place pour
faire leurs enseignements et les expertises nécessite plusieurs centaines
dheures par an si on les fait bien puisquon reçoit plusieurs
dossier par mois jusquà une douzaine dans les cas les forts 18
quelques fois dans certaines commission depuis 5ans. Le corum a été
baissé en 2003 puisque peu de membre viennent évidemment dans
ces conditions, qui va continuer à travailler sauf sil est interessé
par la commercialisation des OGM. Ce qui fait que ceux qui viennent sont souvent
les personnes qui travaillent sur les OGM même sils ne sont pas
liés de maniére dépendantes à ces dossiers bien
sur.
Donc cela créé une déformation du miroir pas de multidisciplinarité,
pas de compensation pour les experts sauf pour celui qui est nommé ou
choisi par lindustrie, pas de temps pour les étudier, et au comité
provisoire de biovigilance dont je fais parti, qui est un autre comité
gouvernemental, qui mesure les effets des OGM après commercialisation,
y a pas du tout de remboursement des déplacements des experts, alors
comme ca on fait mieux. A la CGB on a des remboursement de déplacement
mais quelque fois ils ont tardés longtemps ce qui fait quon doit
sortir les frais de déplacement et de lhôtel quand on vient
de province pour des journées qui durent de 9h du matin à 19h
quelques fois dans ces 5 années.
Donc à la limite, les lacunes de lindépendance sont aussi
des lacunes de la transparence. Par exemple, les rapports annuels de la CGB
sont présentés à la presse sans que tous les membres soient
au courant. Par exemple, les réponses à mes remarques dans ces
rapports annuels que jai toujours apportées ne me sont pas communiqués
avant la publication des rapports annuels. Par exemple, il ny a pas de
discussion possible en public pour vérifier les dires des uns et des
autres. Il ny a pas denquête. Par exemple, il y a une forme
de censure intellectuel et ethique, parce que les avis de la CGB qui sont les
seuls publics nont jamais été votés par la commission
telle que rédigés seulement les conclusions orales ont été
votées et ensuite le président rédige les avis dans lesquels
il peut rajouter par exemple quaucun effet na été
observé sur la santé alors quaucun effet na été
observé du tout dans le dossier ! (puisquil ny a pas
eu détude toxicologique pour de nombreux dossiers, notamment pour
les dossiers expérimentaux) Donc lhomogénéité
des avis est recherchée par la commission avec lancienne CGB et
les autres commissions pour que la communauté scientifique ne se dédise
pas pour quil apparaisse toujours une espéce dunanimité
artificielle alors quelle nest jamais atteinte en science sur dautres
sujets.
De plus, il est clair que les avis de la CGB ne refléte donc pas les
avis de la communauté scientifique et pour ce faire, il faudrait mettre
quelques exemples de dossiers car certains industriels, certains chercheurs,
veulent bien que leur dossier soit rendu public il faudrait mettre ses dossiers
sur internet pour recueillir des avis pour savoir si les contrôles sanitaires
et toxicologiques semblent suffisants.
Nous sommes tenus au secret de la confidentialité sur les procédé
de fabrication des plantes et cest bien. Mais ,les évaluations
sanitaires et environnementales nont aucune raison de ne pas être
publiques. Les dossiers dexpérimentations objectifs et résumés
ne sont pas disponible au public aujourdhui et ils devraient lêtre
ainsi on verrait que les études des risques sont une infime minorité
par exemple sur les expérimentation aux champs.
Les colloques de la cCGB quelle a organisé sur des points spécifiques
nont jamais été organisé de manière contradictoire.
Par exemple, on a refusé à plusieurs reprises laudition
de Putzzaï que javais proposée sur les tests sur la sécurité
alimentaire.
Ensuite, les représentant des associations de consommateur et de défense
de lenvironnement ne sont plus présents à cause des lenteurs
de nomination depuis un an et demi et ce qui est plus grave, ils ne sont plus
souhaités dans les réflexions du président et de ladministration.
Pourtant, ils sont les garants de la transparence du systéme.
Lexpertise contradictoire nest jamais demandée ou si je la
propose un expert serait nommé par le ministére de lenvironnement
où les associations de défenses de lenvironnement ou des
consommateurs. Le summum est que les comptes rendus des réunions qui
étaient censés être publiques dans les préfaces annuelles
ne sont pas publiques, ils ont été classés secret défense
ou en tout cas ils ont été classés non disponibles en 2003
alors que dedans il y a toutes les discussions et des gens qui disent quil
ny a pas les tests de sécurité sanitaires et dautres
disent cest inutile de les demander.
Je terminerai en disant quil y a des lacunes de lévaluation
des impacts environnementaux. Les dossiers expérimentaux ne resument
pas les expérimentations précédentes ni aux états
Unis malgrè mes demandes par exemple. Les membres de la commission nont
pas les localisations des parcelles expérimentales ni la description
de leur environenment : les ruches, les sources, le sens du vent, le relief.
Les ruches ne sont jamais répertoriées alors que les problémes
avec les apiculteurs en France sont nombreux. Il ny a pas deffet
sur la faune non cible étudiée lors des expérimentations
des dossiers expérimentaux. Je propose de faire évoluer ces normes.
Les lacunes de lévaluation des impacts sanitaires, il ny
a pas de séquençage des génes après insertion dans
les plantes donc une méconnaissance des remaniements possibles de ces
génes, et pas dexpérience sérieuse pour évaluer
la toxicité subchronique à 90 jours sur rat et chronique des OGM.
Cest à mon avis une malhonnéteté scientifique profonde
parce que des académistes se permettent de dire sans aucune étude
épidémiologique ni toxicologique examinée quil ny
a pas de probléme avec les OGM. Il ny a pas de donnée sur
lallergenicité au cours des expérimentations ni meme sur
les données que lon pourrait avoir simple sur ordinateur et la
digestibilité des protéines et il ny a pas de résidus
herbicide dans les plantes avec des protocoles de dosage dans les expérimentations
(je ne parle pas des dossiers de commercialisation), et la toxine BT qui est
dans 25% des OGM commercialisés na jamais été testé
sur les cellules humaines dans ces dossiers. Cest une honte scientifique.
Je propose un certain nombre de choses pour y remédier.
Je termine par la CGB et lévaluation économique. Je crois
quil est illusoire et ridicule de vouloir déconnecter les critères
économiques de lévaluation scientifique des applications
industriels de la science. Il est ridicule et illusoire de vouloir déconnecter
les critères économique de lévaluation scientifique
des applications industriels de la science et de croire quon peut le faire.
Tout simplement parce que même si nous avons avec lensemble des
membres de la CGB finalement un accord sur les risques possibles des OGM et
sur la manière dont on pourrait lensemble des tests nous sommes
en désaccord sur lendroit où on doit placer la barre de
sécurité pour dire quel test est indispensable ou quel test ne
lest pas. Par exemple, une discussion porte sur les tests de 90 jours.
Beaucoup disent ce nest pas nécessaire parce que la transgénèse
est considérée comme une hybridation normale. Ceci, cest
une analyse économique déjà, de dire que ça coute
trop cher pour les industriels de le faire, et ne pas le réaliser cest
un peu se boucher les yeux car cest vrai que les OGM ne seraient pas rentables
si on faisait ce type de test. Donc, toutes mes propositions réduiraient
considérablement dans les faits les expérimentations, mais cest
à ce prix que nous aurions des OGM de qualité et que nous aurions
des OGM bien testés. Donc, je propose que le moratoire soit reconduit
à moins que lon fasse des tests de 90 jours sur rats avec les OGM
actuels et si la majorité des OGM demeurent des plantes qui ont pour
stratégie dêtre des plantes à pesticides tolérant
ou absorbant des pesticides et aussi ce nest pas dans les applications
industrielles de lagriculture qui favorise lagriculture durable
en Europe. Cela a été montré, cest physiquement associé
au développement de lagriculture industrielle aux EU. Et donc,
on ne pourrait lever ce moratoire quà ces deux conditions :
que lensemble des OGM à 99% ne soit pas des plantes à pesticides
et deuxiémement que les tests de toxicité à 90 jours soient
réalisés.
Je vous remercie pour votre attention.