OGM : quelques éléments concernant les catholiques

Vous trouverez ci-dessous des prises de positions d'ecclésiastiques catholiques, puis une brève argumentation.

Prises de position

Le lundi 16 novembre 2009, le cardinal sud-africain et archevêque de Durban Wilfrid Fox Napier est venu à une réunion de la FAO pour dire que« Les africains n'ont pas besoin d'OGM, mais d'eau » et «Ce dont nous avons réellement besoin n'est pas de plantes transgéniques, mais de soutien pour construire des puits, des digues et des aqueducs ».
Pourtant, Wikileaks a révélé des télégrammes de diplomates américains en poste à Vatican qui pensent que le Vatican doit continuer à être le sujet d'un important lobby afin qu'il parle en faveur des PGM, « en espérant qu'une voix plus forte à Rome encouragera les chefs individuels de l'Eglise, n'importe où, à reconsidérer leur vision critique ». Or, regrette l'ambassadeur, « quand des responsables ecclésiastiques, pour des raisons idéologiques ou par ignorances, parlent contre les OGM, le Vatican n'estime pas – du moins pas encore (sic!)- qu'il est de son devoir de les contester ». Le câble de 2001 nous apprend en outre que l'ambassade a « sponsorisé deux discussions sur ce thème en impliquant des experts scientifiques attachés au Vatican » afin de « promouvoir une approche plus positive de l'utilisation des OGM dans les pays en développement ».

En janvier 2010, le Pape Benoît XVI a nommé le Cardinal Peter Turkson à la tête du Conseil Pontifical pour la Justice et la Paix en remplacement du Cardinal Renato Martino très en faveur des OGM.Ce changement devrait infléchir la doctrine de Vatican qui se dit actuellement neutre, mais ne fait parler que des pro OGM.
P. Tuickson a notamment évoqué sa crainte que les plantes transgéniques puissent être utilisées « comme des armes génératrices de faim et de pauvreté » si elles sont gérées de façon injuste. Il a également précisé que « la question devient problématique quand une entreprise qui contrôle l'utilisation des semences et des cultures génétiquement modifiées est motivée plus par le profit que par le désir déclaré d'aider à nourrir l'humanité ». Il a également dit : « Je crois que les progrès technologiques ont grandement amélioré la santé humaine et apporté l'abondance, et continueront de le faire, s'ils sont bien réglementés. Cependant vis-à-vis des OGM, j'ai un souci... Je suis réservé sur la confiance que l’on peut faire à des sociétés à but lucratif pour servir le bien public. Il suffit de regarder les nombreux rapports qui détaillent les pratiques non éthiques et criminelles des entreprises pharmaceutiques pour prendre conscience que ce n'est guère une préoccupation hypothétique. [...] Dans le cas des OGM, nous avons à faire à une concentration incroyable des titres de propriété intellectuelle dans les mains d'une poignée d'entreprises ».

En mai 2009 le CIDSE a publié un rapport sur la crise alimentaire de 2009 critiquant la politique de gestion de l'aide aux pays du Sud. Cette association de chrétiens militants pour le Sud, tant en Europe qu'en Amérique du Nord, insiste sur le fait que ce n'est pas par de stechniques lourdes qu'on pourra aider durablement les pays du sud, mais en les aidant à utilsier des technbiques simples. En gros l'agronomie versus la biologie moléculaire. Les OGM sont critiqués à plusieurs reprises.

Le 19 mai 2009, Le frère Sean McDonagh soutient même que « les OGM vont créer de la famine » dans le National Catholic Reporter.

En mars 2009, le Pape Benoît XVI rend publique un texte intitulé Instrumentum Laboris dans laquelle il écrit:

« La campagne de semences d’Organismes Génétiquement Modifiés (OGM), qui prétend assurer la sécurité alimentaire ne doit pas faire ignorer les vrais problèmes des agriculteurs : le manque de terre arable, d’eau, d’énergie, d’accès au crédit, de formation agricole, de marchés locaux, d’infrastructures routières, etc. Cette technique risque de ruiner les petits exploitants, de supprimer leurs semences traditionnelles et les rend dépendants des sociétés productrices des OGM.». Plus loin, il dit que les multinationales «portent atteinte à l’environnement et défigurent la création qui conditionne notre paix et notre bien-être, et avec laquelle les populations vivent en harmonie. ».

En septembre 2006, des scientifiques américains choisis par l'ambassade américaine à Vatican ont exposé les avantages des OGM. Ils ont sorti tous les classiques : faim dans le monde, réduction de l'usage des pesticides (sujet en fait toujours mal traité), diminution des cancers , ... Leur discours a été entendu sans contre-discours.

Avril 2006 : l'Action by Churches Together (ACT) est une regroupement d'églises tant catholiques que protestantes de tous les continents (Afrique, Amérique du nord, Amérique du Sud, Moyen-Orient, Europe, Asie, Pacifique !) qui se sont résolues à ne pas acheter d'OGM dans leur aide aux pays du Sud. La liste de leurs membres est très longue. Leur communiqué de presse est trouvable sur leur site.

Dans un article "Dieu est-il pour les OGM ?", Jean-Michel Maldamé, dominicain donne une argumentation assez bonne sur les OGM. Nous ne serions pas d'accord avec certaines affirmations, mais globalement, cela mérite d'être lu. Il pose notamment la question de savoir si nous pouvons tout faire. Cependant, il part du principe que toute connaissance est forcément bonne. Cependant, il reconnaît, au détour d'une phrase, que cela dépend de la société ... Il pose assez bien les questions politiques.

En mars 2004, Amy Schlumpf Manion, une des théoriciennes du National Catholic Rural Life Conference (NCRL)C écrit un article pour dire qu'un chrétien doit manger éthiquement.

En février 2003, la Conférence des Évêques catholiques aux Philippines a demandé au président Gloria Macapagal-Arroyo de reporter l'autorisation du maïs GM prise en 2002. Les évêques catholiques d'Afrique du Sud ont déclaré : « Il est moralement irresponsable de produire et de commercialiser de l'alimentation GM ».

En 2003, au Brésil, 14 évêques ont condamnés dans une déclaration commune les cultures transgéniques, arguant des risques sanitaires, des conséquences environnementales dont l'érosion de la biodiversité et l'atteinte à la souveraineté du Brésil « comme résultat de la perte de contrôle des semences et des êtres vivants par les brevets qui deviennet la propriété exclusive de groupes multinationaux intéressés uniquement dans un but commercial.” (cf . “declaration on transgenic crops

Le pape Jean-Paul II, parlant le 12 novembre 2002 à environ 50 000 paysans italiens leur a dit de « résister à la tentation de la grande productivité et des profits qui se font au détriment du respect de la nature. Quand les paysans oublient ce principe de base et deviennent des tyrans de la Terre au lieu d'en être ses gardiens (...) tôt ou tard la Terre se rebelle ». Bien sûr, il n'y a aucune divinisation de la terre dans ces propos et le terme anglais est "earth" qui risquerait d'être mal compris s'il était traduit par "terre".

En 2001, le pape Jean-Paul II dans une encyclique INSTRUMENTUM LABORIS a écrit « l'Église se fait le porte-voix des aspirations les plus authentiques en faveur d'un équilibre écologique qui ne mette pas en danger notre terre seulement, mais aussi la création tout entière, toutes deux modelées par les mains du Créateur et offertes à l'humanité comme un habitat de beauté et d'équilibre, don et ressource fondamentale de l'existence humaine.». Il continue « l'équation sournoise selon laquelle ce qui est possible scientifiquement est donc juste éthiquement nous a conduits à une véritable manipulation biologique. Il s'ensuit de graves conséquences pour l'homme, image et ressemblance de Dieu dans le Christ, notre Vie (cf. Jn 1,4; 14,16)»

De même le pape Jean-Paul II le 23 septembre 1999 s'est adressé pour le Jubilee de l'an 2000 (Jubilee 2000 Debt Campaign) ; « La loi du profit seule ne peut pas être appliquée à ce qui est essentiel pour la lutte contre la faim, la maladie et la pauvreté »

De même la conférence des Evêques d'Afrique du Sud a énoncé en novembre 2000 « Parce que nous ne savons pas s'il y a des risques sérieux pour l'environnement ou la santé humaine, produire et vendre de la nourriture génétiquement modifiée, est moralement irresponsable. Le principe de précaution devrait s'appliquer, comme cela se fait en recherche médicale » texte complet : http://www.ncrlc.com/SACBC-Statement.html

De même la déclaration des Evêques d'Afrique du Sud du 14 novembre 2001.
http://www.mindfully.org/GE/GE3/Catholic-Bishops-Statement14nov01.html et la déclaration de 2003 http://www.maryknollogc.org/ecology/sacbc.html.

 

Brève argumentation

On peut lire dans la génèse plusieurs descriptions (cf. les extraits) de comment Dieu aurait créé le monde. A chaque plante ou animal est ajouté qu'ils sont « portant de la semence », ce qui n'est évidemment pas le cas de plantes OGM terminatorisées. On peut donc penser que la stérilisation des plantes et des animaux n'est pas très catholiquement correcte.

Il se trouve que des églises catholiques et protestantes d'Allemagne ont rédigé un texte en octobre 2003 sur ce sujet intitulé "Questions non résolues et promesses non tenues". Ils s'intéressent aux enjeux écologiques et aux risques des OGM, sans, malheureusement, aborder l'enjeu plus philosophique. Probablement pour éviter de se faire rétorquer l'exemple de Galilée ... cf. http://www.kirchliche-dienste.de/upload/gentechnik_en.pdf ou sa version locale.

On peut aussi se reporter à la page concernant les juifs car la Bible comme ancien testament reste une référence aussi pour les catholiques ou à celle des protestants.

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