Communiqué

Paris, le 21 juin 2006

Tous les trois ans, la Commission européenne demande un sondage sur la perception de la science. Le dernier sondage de ce type est l'eurobaromètre 2005 publié en 2006. Le retard est du au fait qu'un tel document n'est publié qu'après l'accord des autorités administratives qui le commandent. Ce n'est donc pas un objet complètement neutre et en tout cas, il est aussi le fruit de la relecture par les autorité dministratives dont la position sur les OGM n'est pas un mystère. La Commission européenne nous a plutôt habitués à vouloir soutenir les techniques et leurs pourvoyeuses : les sciences. Cela ne disqualifie pas ce sondage, mais rend plus nécessaire de l'étudier avec attention.

L'association OGM dangers veut souligner qu'elle ne se considère pas justifiée dans son rejet de tout OGM dans l'agriculture et l'alimentation par le fait qu'une majorité des européens partagent cette opinion. Même si nous étions uen minorité, cela ne disqualifierait pas notre position. Il y a juste que cette majorité montre que les Etats et la Commission européenne ne sont pas le reflet de la volonté populaire, ce qui introduit l'enjeu politique des OGM.

Le sondage porte sur les ving-cinq pays européens avec environ 1.000 personnes par nation (Malte compris ...).

Nous vous proposons une analyse de ce document assez volumineux que vous pouvez consulter sur internet [1].

La définition des aliments OGM est qu'ils sont « faits à partir de plantes ou de micro-organismes dont une ou plusieurs caractéristiques ont été changées par l'altération de leurs gènes. Par exemple une plante pourrait avoir ses gènes modifiés pour la rendre résistante à une maladie particulière des plantes, pour améliorer ses qualités nutritionelles ou pour l'aider à pousser plus vite.»
On remarquera que cette définition ne parle que des aspects positifs ou prospectifs. La nécessité d'avoir recours aux semenciers et donc de court-circuiter les paysans n'est pas envisagée par exemple ...

Figure 4 p. 17 : De facon générale pour les européens, les aliments OGM sont considérés comme moralement inacceptables, inutiles, risqués et ne devraient pas être encouragés.

p. 18 : « il n'y a pas de différence significative dans le niveau de soutien général entre les gens familiers du sujet et ceux non familiers, et seulement une infime différence dans la perception du risque, les familiers ayant une probabilité de dire qu'ils [les aliments OGM] sont risqués légèrement plus grande ». En clair, les gens familiers ne sont pas plus favorables aux OGM que les non familiers. C'est peut-être pour cela que les scientifiques du secteur public ne participent pas aux débats publics ...

p. 19 figure 5 ; 27 % des européens sont d'accord ou plutôt d'accord pour soutenir la technologie des aliments GM. En France ils sont 20 %. En Belgique, ils sont 27 % et 34 % en Espagne où des maïs OGM sont cultivés. Ce qui montre que la culture d'une plante OGM n'engendre pas forcément son acceptation (mais semble en contradiction avec la table 3 dont il es parlé plus loin). Cela veut donc aussi dire que 73 % des européens souhaitent ne pas spécialement soutenir cette technologie et ils sont 80% en France ! Pourquoi le rapport ne donne-t-il pas ces chiffres ? Un verre peut être à moitié plein ou vide, mais parler du 20 % n'est pas très honnête.

p. 20 Table 2 : En Europe, et chez le public informé (decided public) il y a 25 % de gens favorables aux aliments OGM, 17 % qui sont prêts à en accepter le risque et 58% qui y sont opposés.

p. 21, table 3 (probablement la plus intéressante et reproduite ci-après), on voit l'évolution des taux de soutien (cumulés avec la tolérance au risque) aux aliments OGM par pays et pour les eurobaromètres de 1996, 1999, 2002 et 2005. Pour la France (tout public), c'est passé de 54 à 35, 30 et enfin 29 en 2005.
Comme il est dit, « Avec quelques exceptions, parmi les anciens pays membre de l'EU15, on voit une tendance à un lent déclin du soutien entre 1996 et 1999, un accroissement entre 1999 et 2002, et un retour au déclin en 2005. le déclin entre 2002 et 2005 est frappant ; dans beaucoup de pays, le soutien tombe en-dessous de celui enregistré en 1996 ».

Nous reproduisons ici la Table 3 qui donne le taux de soutien aux aliments OGM.

Pays 1996 1999 2002 2005
Espagne 80 70 74 74
Portugal 72 55 68 65
Irlande 73 56 70 55
Italie 61 49 40 54
Pays-bas 78 75 65 48
Royaume-Uni 67 47 63 48
Finlande 77 69 70 46
Belgique 72 47 56 45
Danemark 43 35 45 42
Suède 42 41 58 32
Allemagne 56 49 48 30
France 54 35 30 29
Autriche 31 30 47 25
Luxembourg 56 30 35 20
Grèce 49 19 24 12
Malte - - - 66
République Tchèque - - - 64
Lituanie - - - 54
Slovaquie - - - 48
Hongrie - - - 37
Pologne - - - 36
Slovénie - - - 33
Estonie - - - 31
Letonie - - - 19
Chypre - - - 19

p. 22 : 51 % des européens achèteraient des aliments OGM si ils contenaient moins de résidus de pesticides. On remarque que la seule définition des aliments OGM prépare déjà les gens à envisager cette possibilité stupide. Il faut donc expliquer en quoi ils en contiennent forcément plus (cf. le site de OGM dangers par exemple).

p. 23 : on découvre (Figure 8) que 30 % des français rejettent les cinq raisons éventuelles qui leur sont proposées pour motiver d'acheter des OGM (moins de pesticides, plus sain, ...). En Autriche, c'est de l'ordre de 55%.

page 3 « Alors que la majorité souhaite déléguer la responsabilité sur les nouvelles technologies à des experts, rendant des décisions sur la base des évidences scientifiques, une minorité substantielle aimerait donner plus de poids aux considérations morales et éthiques ou aux expressions du public dans la prise de décision sur la science et la technologie. »
Version anglaise : "While the majority are willing to delegate responsibility on new technologies to experts, making decisions on the basis on the scientific evidence, a substantial minority would like to see greater weight given to moral and ethical considerations in decision taking about science and technology and to the voices of the public."

page 3 « Il n'y a pas d'évidence que l'opposition aux aliments OGM soit la manifestation d'un désenchantement plus large pour la science et la technologie en général ». Nous pensons que c'est une erreur et nous travaillons à montrer les liens entre le désenchantement du monde par la science et les OGM. Cf. par exemple les enjeux philosophiques des OGM sur notre site.
Version anglaise : "There is no evidence that opposition to GM food is a manifestation of a wider disenchantment with science and technology in general."

En France 69% des sondés ont confiance dans l'industrie alors que 54 % ont confiance dans l'Etat ... (cela dit, à Malte, à 91 %, ils ont confiance en l'industrie Figure 20) !!

Conclusions : L'étude précédente montre que nous devons continuer de souligner les liens entre ce qui ne paraît pas lié (nanotechnologies, thérapies géniques, ...) et les OGM. Pour cela nous devons continuer de montrer que le débat des OGM ne se réduit pas aux seuls risques alimentaires, économiques ou environnementaux. Par ailleurs, les gens "informés" ne sont pas plus favorables aux OGM. Leur position est plus tranchée. Cela montre que contrairement à ce que disent les pro-OGM, il ne suffit pas d'informer les gens pour les convaincre que les OGM seraient bons.

Références :
[1] Sondage eurobaromètre 2005 (publié en 2006 probablement après des liftings par les administratifs ... dans quel but ?).
http://www.ec.europa.eu/research/press/2006/pdf/pr1906_eb_64_3_final_report-may2006_en.pdf

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