Les contaminations de "tolérance" à un herbicide (TH)
Peut-il y avoir une contamination ? On voit bien la contradiction entre ces deux références scientifiques :
- James White, le responsable de la branche des évaluations des biotechs à l'USDA, a dit « Les probabilités de dissémination d'un gène sont essentiellement nulles » (Cité par Philip Cohen, dans News Scientist, 6 juillet 2002) ;
- En 2003, une étude [Ramsay] montre
que des contaminations par du pollen fertile de colza se retrouvent
à 26 km. En 2002, des scientifiques australiens ont indiqué que du
pollen de colza a contaminé des champs se trouvant au moins jusqu'à
3 kilomètres de distance, et qu'il n'y avait aucune diminution avec
la distance [1]. Pour le maïs, il a été prouvé
qu'il était viable à 3km dans l'étude COEXTRA [Brunet]
retrouvé dans [Mongabay2023]. On
a trouvé du pollen viable de Agrostis stolonifera (graminée)
à 20km. Une étude anglaise a trouvé des contaminations par du pollen
d'une herbe génétiquement modifiée à 21km [Pearce04]
en 2004.
Nous définissons la contamination comme un flux génétique qui peut être non intentionnel et même non souhaité (pour quelque raison que ce soit). Par exemple, un gène de "tolérance" au roundup passé du colza de culture à sa descendance est une contamination. On dit aussi que c'est un flux génétique vertical, c'est à dire résultant de la reproduction. Il existe aussi des flux génétiques horizontaux vers des espèces apparentées (mais qui restent liés par la reproduction) comme la ravenelle. Enfin il existe aussi la possibilité d'un transfert de trait (sans transfert génétique). Par exemple si on utilise une plante TH, cela implique l'usage de l'herbicide associé. Si l'écosystème y est du coup trop confronté, cet usage engendre une pression de sélection pour encourager les plantes qui se trouveraient disposer d'un (ou plusieurs) gène TH. Il n'y a donc pas de flux génétique, mais un transfert du trait. dans la page sur les résistances.
L'ANSES nous auditionnés en 2017 et nous avons fait une contribution écrite qui résume les possibiltiés et les risques des plantes Variétés rendues Tolérantes à un Herbicide (VrTH).
L'idée principale de cette page est de montrer que les contaminations sont inévitables pour plusieurs types de raisons :
- l'opération de production de semences est soumise à l'absence de plante non OGM dans un rayon qui dépend de la plante ;
- la vente des semences nécessite des camions et des silos à grain étanches, nettoyés et donc une double filière (donc un coût double qui ne peut être mis à la charge des paysans refusant les OGM !) ;
- la culture a les mêmes risques de contamination que la production de semences (c'est d'ailleurs proche) ;
- la récolte doit se faire dans une filière dédiée ;
- la transformation doit continuer de séparer des filières (à supposer que ce soit faisable, ce que nous nions).
Don Westfall, vice-président de Promar International, consultant en communication pour les biotechnologies, Toronto Star du 9 janvier 2001
France :
- Le riz vendu en France et produit aux EUA s'avère contaminé par un riz LL601 et par un LL62 de Bayer que cette entreprise n'a même pas cultivé de façon commerciale. L'entreprise s'est arrêtée au stade des essais sans qu'on sache pourquoi, mais la contamination est apparue en 2006. Cf. notre analyse complète. On a même trouvé des traces de BT63 (un OGM chinois). Cf. une mise à jour sur le site des Amis de la Terre Europe.
- Un maïs Bt11 avait été autorisé en Europe. L'entreprise Syngenta n'ayant pas fait la différence entre le Bt10 et le Bt11 (elle produit les deux ... !), elle a exporté par les EUA environ 1000 tonnes de maïs Bt10 non autorisé (il contient un gène de résistance à l'ampicilline qui est un antibiotique utilisé en thérapeutique animale). Cf. le communiqué de presse de la Commission Européenne (version cache disponible : nous demander).
- Une contamination du soja en 2002 ;
- Une contamination du maïs en 2002.
- en 1999 et 2000, l'entreprise semencière Golden Harvest Zelder avait vendu des semences de maïs contenant des résidus d'OGM en connaissance de cause. Deux de ses dirigeants (Yann Cannistraro et Robert Jeurink) ont été condamnés le 2 décembre 2004 par le tribunal correctionnel de Saumur à 3000 euros chacun et 5000 euros au profit de la Confédération Paysanne.
On remarquera que le catastrophisme joue en faveur des promoteurs des OGM. En effet, il nous est souvent dit que s'il y a des OGM partout, alors il ne sert plus à rien de s'y opposer. Ah ! quel sens de l'indépendance et de la libre détermination de son devenir, la société moderne développe chez ses concitoyens. Quelle domination volontaire et demandée ! Alors que les politiques devraient être là pour tenter de contrebalancer les pulsions commerciales et chosifiantes, ils tentent surtout de sauver leur siège pour la prochaine élection.
Espagne
Avril 2006. Selon un rapport établi par plusieurs associations, dont Greenpeace, près d’un quart des champs de maïs testés se révèlent contaminés par du maïs OGM jusqu’à un taux de 12,6% (p.11-13) ; les distances de sécurité entre les champs transgéniques et les autres ne sont pas respectées (p.9-10) ; les multinationales disséminent des OGM non autorisés (p.14-16), etc. Résumé du rapport en français disponible sur le site de Greenpace et rapport complet en anglais aussi disponible.
Mexique :
La revue Nature a révélé en novembre 2001 une contamination
du maïs dans plusieurs régions du Mexique (berceau de cette plante)
qui sont des réservoirs de biodiversité. Or le Mexique n'avait
autorisé aucun maïs OGM, précisément à cause du risque de
pollinisation croisée avec des maïs sauvages.
Le 18 avril 2002, M. Soberon, représentant officiel du Mexique à la
conférence de La Haye, a reconnu que 95 % des lots contrôlés étaient
pollués par un gène issu de plantes OGM. Le taux de contamination de
chacun de ces lots varie de 1% à 35% avec une moyenne de 10-15 %.
Le plus grave est que les biotechs (Syngenta, Aventis, Monsanto, ...)
qui font ces OGM ont refusé de communiquer la séquence précise du gène
introduit. Celle-ci eût permis de savoir qui a fabriqué ces OGM. [3]
Don Westfall, vice-président de Promar International, consultant en communication pour les biotechnologies, Toronto Star du 9 janvier 2001.
Amérique du nord
- mars 2019. AU Canada, un rapport sur les diverses contaminations par des OGM (transgéniques) est publié par le CBAN en canola, lin(flax), blé, cochons. D'autres contamination aux EUA sont listées maïs (Starlink), riz (Liberty), luzerne (alfalfa), ...
- 2018. Un blé Tolérant à un Herbicide (TH)a été testé par MONSANTO vers les années 1998-2000. Ce blé n'a jamais été autorisé, ni au Canada ni ailleurs. Or, en juin 2018, à plus de 100km des essais, la Canadian Food Inspection Agency (CFIA) a reconnu que des blés TH étaient bien de la même lignée que celle des essais (qui ont donc disséminé) qui dataient de 15 à 20 ans auparavant. Le Japon puis la Corée du Sud ont temporairement interdit les importations de blé canadien.
- Un gazon rendu tolérant au Roundup avait été fabriqué par Scotts Miracle-Gro et Monsanto. Cette plante a été testée dans quelques parcelles en Idaho. Alors que le ministère américain de l'agriculture (USDA) ne l'a jamais autorisée, les repousses, des graines disséminées par le vent ou peut-être simplement négligées par les entreprises se sont disséminées. Un OGM peut donc être interdit (ou non autorisé) mais se disséminer !
- 4 février 2017. Le rapport sur la résistance aux herbicides de l'Usine de l'Université de l'Illinois de 2016 a montré que la résistance aux herbicides du glyphosate (essentiellement des amaranthes) et la résistance aux inhibiteurs de l'ALS. 76,8% des échantillons d'adventices étaient constitués de plantes Tolérantes au glyphosate (roundup). 62,5% des échantillons d'adventices sur l'ensemble des sites ont montré une résistance aux herbicides inhibiteurs de PPO (ALS). Jusqu'à la saison 2016, l'amarante de Palmer dans l'Illinois n'était pas connu pour être résistante aux inhibiteurs de PPO. Cependant, plusieurs échantillons provenant du sud-ouest de l'Illinois ont été confirmés comme étant résistants aux inhibiteurs de PPO.
- août 2014 : Les auteurs d'une étude dirigée par le Pr. Burgos [Burgos_2014] expliquent que « une portion significative du génome des variétés locales de riz cultivé s'est retrouvée [...] dans le génome des riz adventices actuels, ce qui est rarement le cas pour les "riz adventices apparus avant les cultures de variétés TH"». Et de souligner que « le riz adventice [actuel] présente une tendance à posséder dans son génome une portion du chromosome qui contient le gène ALS, qui [muté] confère la résistance aux herbicides dans les lignées Clearfield ».
- 19 décembre 2013 : un article de revue [4] liste plusieurs contaminations en agrostis, colza et coton en amérique du Nord, mais aussi au Japon et amérique centrale.
- 13 septembre 2013 : Découverte de luzerne OGM résistante au Roundup. Plusieurs commentaires ici ou ici.
- 29 mai 2013 : Le ministère de l'agriculture et l'APHIS ont révélé que du blé a été contaminé par une variété de blé transgénique testée par Monsanto entre 1998 et 2005.
- Même si ce n'est pas une contamination de gène, mais par l'induction d'une résistance au roundup suite au sur-usage du roundup par les fermiers cultivant des OGM RR, le cas de l'Amaranthe aux EUA est exemplaire (cf. notre communiqué de 2009) ;
- Le riz produit aux EUA s'avère contaminé par un riz LL601 de Bayer que cette entreprise n'a même pas cultivé de faĉon commerciale. L'entreprise s'est arrêtée au stade des essais sans qu'on sache pourquoi, mais la contamination est apparue en 2006. Cf. notre analyse complète.
- Un fermier en agriculture biologique (Victor Schrock, de l'Etat de l'Illinois) cultivait un maïs bleu (il existe énormément de variétés de maïs, dont certains bleus, sans être OGM !). L'avantage d'un tel maïs pour les contaminations est qu'un croisement se voit simplement : plusieurs fermiers l'ont appelée, jusqu'à 4 km de distance, lui disant que leur production de graines comportait des grains bleux, assurant ainsi qu'il y avait eu une contamination. Réf : article paru dans le Western Mail du 10 février 2004 ou sa version cache.
-
2002 : Le fermier avait accepté d'héberger un essai de maïs "thérapeutique" destiné à produire une protéine puissante pour le traitement de la diarrhée des cochons en 2001. Il a fait une récolte de soja pour la consommation humaine en 2002 dans laquelle se sont retrouvés des maïs OGM avec la protéine thérapeutique ... pour les cochons diarrhéiques ... Cf. l'article.
- Percy Schmeiser cultivait du colza biologique dans le Saskatchewan
(une province canadienne). Des inspecteurs d'une agence de détective
privés payés par Monsanto sont venus dans son champ (sur
dénonciation) et ont fait des prélèvements. Ils ont trouvé des
semences dont Monsanto était propriétaire. Ils ont donc logiquement
trainé en justice ce paysan qui, depuis, a montré qu'il n'est pas
aussi évident que ses semences étaient effectivement contaminées.
Pour toute nouvelle et complément d'information, le mieux est son
site.
http://www.PercySchmeiser.com
Général :
- 4 décembre 2013 Chine : La Chine a rejeté cinq lots de maïs des états-Unis suite à la découverte de la variété de maïs non agréé, le MIR 162, parmi ces lots.
- Suite à la découverte de la contamination du soja de Monsanto (historiquement le premier OGM commercialisé), on a voulu savoir le degré de contamination du maïs en données de l'INRA (Belgique) suggèrent que la présence d'un fragment d'ADN caractéristique du maïs Bt176 « might be the result of an initial contamination of Bt11 by Bt176.» (pourraient être la conséquence d'une contamination initiale du Bt11 par le Bt176 ... en clair, ils se sont emmélés les pinceaux dans les labos ! ). Plus de précisions dans le rapport complet sur le site de la commission de biovigilance belge http://biosafety.ihe.be/TP/MGC.html ou dans le rapport qui traite spécialement de cette contamination : http://biosafety.ihe.be/TP/MGC_reports/Report_Bt11.pdf
Pour bien comprendre à qui profitent les contaminations, il faut se rappeler comment commente un conseiller en communication : "L'espoir de l'industrie est qu'avec le temps, le marché soit tellement inondé [d'OGM] qu'il n'y ait plus rien à faire d'autre que de les accepter [surrender en anglais !]" [2].
Voyez aussi notre page sur les pollutions liées aux OGM.
Références
[Brunet] Brunet et al. Long-Distance
Pollen Flow in Large Fragmented Landscapes (chapter of the book
entitled Genetically Modified and Non‐Genetically Modified Food
Supply Chains: Co‐Existence and Traceability) p. 79-87(2012) Ed.
Y. Bertheau https://doi.org/10.1002/9781118373781.ch6
[1] Rieger et al. Pollen-mediated
movement of herbicide resistance between commercial canola fields. Science
(Washington) vol. 296 (5577) p.2386-2388 (2002)).
[2] Don Westfall, vice-president de Promar
International, entreprise de consultants en communication pour
les industries agroalimentaires et biotechs basée à Washington cité
dans unarticle du The Toronto Star 9 janvier 2001, Tuesday,
Edition 1 STARLINK FALLOUT COULD COST BILLIONS By Stuart Laidlaw
[3] The Guardian 19 avril 2002 ou
I-SIS.
[4] Cultivation-independent establishment
of genetically engineered plants in natural populations: current
evidence and implications for EU regulation, A. Bauer-Panskus et
al. Environmental
Sciences Europe
2013, 25:34
[Burgos_2014] The impact of
herbicide-resistant rice (Oryza sativa L.) technology on
phenotypic diversity and population structure of US weedy rice,
Burgos, N. R. et al., 2014, Plant Physiology
[Mongabay2023] https://news.mongabay.com/2023/09/transgenics-contaminate-a-third-of-brazils-traditional-corn-in-semiarid-region/
[Pearce2004] Pearce, Wind carries GM
pollen record distances, News Scientist (2004)
[Ramsay] Gavin Ramsay et al. Quantifying landscape-scale gene flow in oilseed
rape. Final report of DEFRA. Projet RG0216. DEFRA, London (2003)
(ministère anglais de l'agriculture : très pro-OGM)